Page:Audiffret - Système financier de la France, tome 2.djvu/276

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous sommes d’autant plus encouragé à reproduire dans cet ouvrage nos idées et nos proportions sur l’abaissement de l’intérêt des fonds dus par l’État, que cette nature d’opération n’a généralement été jugée par les gouvernements successifs, qui s’en sont occupés depuis quarante ans, que sous le point de vue de leur politique respective. C’est toujours d’après cette considération prédominante que les administrations des différentes époques ont provoqué, ajourné ou exécuté la conversion des rentes inscrites.

Le pouvoir établi en 1814 avait trop de foi dans son principe et dans son avenir pour ne pas hâter cette importante amélioration de la fortune de l’Etat ; celui qui lui a succédé en 1830 ne se croyait pas encore assez affermi pour braver impunément l’animadversion des anciens créanciers du grand-livre ; le nouvel élu du suffrage universel s’est empressé d’accomplir cette grande œuvre de crédit publie, beaucoup moins comme une opération de finances que comme le complément politique du coup d’Etat du 2 décembre 1851.

Enfin la dernière conversion des rentes 4 et 4 1/2 p. 0/0 en 3 p. 0/0 ordonnée par la loi du 12 février 1862, a conservé aux rentiers convertis, et dès lors longtemps abrités contre tout remboursement dans ce fonds unique tres-éloigné du pair, les arrérages dont ils jouissaient antérieurement et n’a en conséquence produit aucune réduction sur les intérêts ni sur le capital de la dette inscrite.

Cette combinaison nouvelle n’a eu pour but et pour résultat que de procurer au Trésor une ressource extraordinaire immédiatement applicable à l’abaissement du chiffre trop élevé de sa dette flottante exigible, en empruntant aux anciens rentiers du 4 p. 0/0, pour leur assurer les mêmes revenus avec plus de sécurité, une soulte en capital, représentant une partie de la différence existant sur la place entre les cours respectifs de ces deux valeurs.

Nous suivrons donc, dans tous leurs degrés, les progrès que les questions relatives au crédit de l’Etat ont faits en France depuis la longue paix commencée en 1816 et trop souvent interrompue par nos troubles intérieurs et par nos expéditions militaires.