Page:Audiffret - Système financier de la France, tome 2.djvu/309

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douloureuses dont l’amertume peut n’être pas suffisamment adoucie par le retour de l’ordre, de la paix et de l’aisance générale. La secousse inévitable que produit toute nouvelle demande de tributs, ou toute diminution de jouissances, imposées à la fortune privée, soit par les tarifs des contributions, soit par l’économie prévoyante de l’administration, commandent toujours au pouvoir une circonspection éclairée qui peut seule préserver les bienfaits eux-mêmes de la résistance et de l’ingratitude des peuples.

il fallait surtout que le ministère pût accepter, sans danger comme sans réserve, toute la responsabilité de la conversion de nos 134 millions de rentes 5 p. 0/0. Sa sagesse, en cette occasion, devait être notre sauvegarde contre des vœux prématurés, et notre garantie pour le choix de l’époque la plus favorable au succès d’une aussi grande entreprise. C’est à lui qu’il appartenait de vérifier, par ses moyens directs d’investigation, les effets probables, sur l’opinion des départements et de la capitale, d’une atteinte portée à l’existence de 120, 000 familles de rentiers, dont l’influence se répand sur les esprits qui exigeraient le plus de ménagements. C’est à lui qu’il importait de calculer, au milieu même de Paris, le résultat de l’application d’un tarif décroissant sur le revenu de 74,000 parties au-dessous de 500 francs de rentes, dont la plupart n’ont pas d’autre ressource. C’était à lui de s’assurer s’il était assez fort pour engager sans crainte un aussi sérieux contlit entre l’intérêt général et des intérêts personnels si nombreux et si agglomérés en face de l’administration centrale. C’était encore à lui de voir s’il se trouvait en mesure de conjurer le