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Page:Audiffret - Système financier de la France, tome 2.djvu/321

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à 100 francs pendant plusieurs années, et que le Trésor immolât ainsi lui-même par des coups lentement redoublés et ses préteurs et son crédit ? Le pouvoir se jouerait-il avec autant de témérité de si chers et de si graves intérêts ? Qserait-ii suspendre sur ses propres valeurs un danger continuel de remboursement qui en comprimerait l’essor, et contre lequel se formeraient aussitôt des compagnies d’assurances, à l’instar de celles qui défendent les autres propriétés des sinistres inévitables ? Qu’un seul événement contraire à l’intérieur et à l’extérieur vienne surprendre la France engagée dans ce déplorable conflit, et elle s’apercevrait trop tard qu’elle perd d’une main beaucoup plus qu’elle ne reprend de l’autre, sur la richesse publique et sur la confiance des peuples.

Dira-t-on que cette proposition de séries n’est pas sérieuse, que son application n’est pas probable, que les dangers de son exécution sont imaginaires, que la gravité des reproches que nous lui adressons s’évanouit devant une hypothèse gratuite ? Hâtons-nous de répondre que toutes les imputations qui planent sur cette mesure seraient justifiées par sa seule présence dans un projet de loi, et que l’interprétation qui lui serait donnée par la bonne foi publique doit suffire pour la faire condamner par la conscience et par la sagesse du gouvernement. Jamais une combinaison de cette nature n’est entrée dans la pensée des hommes d’État qui ont relevé notre crédit de toutes les fautes passées on n’a point invoqué son funeste secours en 1824 ni en 1825 pour une conversion plus hardie et plus difficile que celle que nous