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Grande-Bretagne, la consommation est restée à peu près ce qu’elle était sous le régime fiscal antérieur.

Enfin il est hors de toute controverse que la portion de cette denrée réclamée par les besoins réels de l’agriculture n’est dans cette contrée, libre de toute charge, que d’un six-centième de sa consommation totale, et qu’en France elle est aussi trop faible pour que l’impôt soit jamais un obstacle aux améliorations agricoles[1].

Toutes ces considérations nous conduisent à conclure qu’il y a plus de préjudice que de profit pour les véritables intérêts publics à modifier une contribution qui leur prête une si forte assistance, sans nuire au bien-être des individus et sans attaquer l’aisance des familles.

Telles étaient les considérations que nous opposions depuis longtemps aux flatteurs de la multitude, attaquant sans relâche un impôt qu’ils rendaient impopulaire, lorsque la révolution de 1848 accorda, le 28 décembre 1848, bien plus de confiance aux paroles qui trahissent l’intérêt général qu’à celles qui l’avaient constamment défendu.

On fit dominer à cette époque, dans les conseils de la nouvelle république, le préjugé fatal de l’exploitation des pauvres par les riches c’est-à-dire que l’on arma l’esprit envieux des autorités démocratiques pour la destruction légale des moyens d’existence des uns et des autres. On essaya même, comme aux plus mauvais jours de l’anarchie républicaine, de substituer aux principes tutélaires fondés sur l’expérience, des théories impraticables d’égalité absolue de toutes les conditions civiles, politiques et financières

  1. Voir l’ouvrage de M. Clément Résonnes, professeur au Conservatoire des arts et métiers (De l’influence du bas pris du sel sur la consommation).