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Page:Audiffret - Système financier de la France, tome 2.djvu/98

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qu’elle a excité longtemps les réclamations des pays vinicoles.

Toutefois il convient de faire remarquer que ce genre de culture s’étend chaque jour au lieu de se restreindre, et augmente encore, par le perfectionnement de ses procédés, l’abondance de la production, presque toujours au détriment de la qualité des vins ; que la consommation intérieure et les exportations au dehors suivent également une progression croissante, et que la gêne accidentelle de cette classe d’agriculteurs doit être surtout attribuée à leur défaut de prévoyance. Nous ajouterons, pour fortifier cette opinion, que l’incertitude naturelle de la récolte des vignes qui exige toujours des frais considérables, dont l’avance est tantôt perdue et tantôt fertilisée par l’inconstance des saisons, donne à cette culture le caractère d’une spéculation hasardeuse, dont le succès dépend de deux conditions rares et difficiles à réunir la précaution constante d’une réserve de fonds et l’habitude de l’économie, au milieu même des jours de l’abondance. Ces chances aléatoires, trop souvent ruineuses pour les cultivateurs, entretiennent un mécontentement quelquefois injuste dans ses plaintes, et sont en même temps pour la cupidité humaine un attrait qui entraîne imprudemment à la poursuite de la fortune, en excitant l’espérance de l’atteindre à travers les variations de la température.

C’est peut-être cette dernière cause qui a porté, par une augmentation graduelle et non interrompue, le nombre d’hectares consacrés à cette exploitation agricole d’un million et demi en 1788[1], à près de 2.500,000 francs,

  1. Rapport au Roi sur l’administration des finances, du 15 mars 1830, tome I.