potager par où il était venu. À pleines mains, il empoigna les gros barreaux rouillés, se hissa au faîte, enjamba les lances pointues avec adresse, se laissa tomber de haut, et tout courant, s’en fut parmi les grands sapins.
Après son départ Douce resta longtemps à regarder le sous-bois. Quelque chose, venant du plus profond d’elle-même, la ravissait et la peinait tout à la fois.
Elle souriait à ce sous-bois, elle souriait aux flèches d’or que le soleil lançait à travers les branches, elle souriait au ciel bleu, à la clarté vive et au vent frais. Mais soudain son petit visage se crispa et elle se mit à pleurer bruyamment.
Les jeudis qui suivirent, à la grande joie des trois amis, le jeu continua. Dans le verger il n’était plus question de silence ni de rire muet. Noël et Tou menaient au contraire un vrai tapage, et le rire éclatant de Douce ne s’arrêtait guère. Toute crainte s’était éloignée d’elle. Qui donc pourrait lui faire du mal aux côtés du garçon et du chien ? Les quelques gamins qui s’approchaient encore pour dire des injures et jeter des pierres n’y revenaient pas, ayant appris qu’il ne faisait pas bon se mesurer avec ce Noël Barray, garçon de dix ans,