Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/187

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quiète de l’heure. Comme elle tarde, Églantine ! Encore quelques minutes, et ce sera le Dies Irae. Pourvu que rien ne l’empêche de venir. Il la revoit telle qu’il l’a vue ce matin, silencieuse et pâle, et le regard si lointain qu’il en paraissait égaré. Avait-elle donc, ainsi que lui-même, passé une de ces abominables nuits qui vident votre cerveau et vous ôtent le goût de vivre ? Pourvu qu’elle ne soit pas malade, pourvu qu’elle vienne !

Elle est venue, et, dès les premières strophes, il y a des chuchotements dans l’église. Des têtes se tournent, des gens se lèvent, comme à la recherche d’une chose qui les surprend.

Maintenant elle va, cette voix sonore et pure. Elle avance par des chemins tracés depuis toujours. Elle monte sans faiblesse ni recul vers un lieu inconnu des vivants et d’où les morts ne sont jamais revenus. Jacques Hermont la suit, comme s’il l’entendait pour la première fois. Il la suit avec une attention ardente, et dans ses modulations il entend distinctement les paroles de repentir qu’elle adresse à un juge redoutable en ce « jour de crainte et de détresse ».