Malgré les soins les plus assidus, Christine reste frêle et sans force. À travers sa faiblesse et les mauvais jours de fièvre, elle garde cependant son gentil caractère, et, ainsi qu’Églantine, on pourrait l’appeler Douce. Mais, à l’encontre d’Églantine enfant, elle n’aime pas le jeu. Elle évite même de parler, et refuse nettement d’apprendre à lire et à écrire. Elle dit : « Je n’ai pas besoin d’apprendre, puisque vous autres vous savez. » Elle montre une parfaite indifférence pour tout ce qui n’est pas nécessaire dans l’instant. Et à trop s’occuper d’elle on l’ennuie. Sans être très gaie, elle donne de la gaieté aux autres par ses réparties malicieuses et souvent moqueuses. Ce soir, parce que son père lui reproche de ne pas dormir malgré l’heure avancée, elle répond :
— Si tu veux que je dorme, va changer la lune de place ! Je ne peux pas dormir quand elle me regarde.
Tout comme son joli visage retient le regard, ce qu’elle dit retient l’attention.
Parce que la déviation de son épaule s’accentue, ses deux anges gardiens se