mousse dure, courte et jaune comme de l’or, elle les reconnaît et cherche leurs noms. Celle-ci, biscornue, trouée de partout, aussi volumineuse qu’une maison, et qui semble venir à elle portée par des êtres invisibles, n’est-ce pas la roche aux farfadets ? Et ce drôle de chemin qui se creuse et s’enfonce entre deux haies de jeunes tamaris dont les fines branches s’agitent comme de longues plumes vertes aux brins souples, n’est-ce pas le chemin d’où sort la Dame Blanche par les soirs de lune ? Et encore, ce petit bois arrêté au bord de la route, qui a l’air d’attendre quelqu’un, avec ses ormes groupés, chétifs, pas plus gros que le bras et qui pourtant semblent si vieux, n’est-ce pas là le bois d’amour ? Un tournant brusque, et voici les premières maisons du village où habite Christine. Ces maisons-là, Églantine n’en a jamais vu de pareilles, si blanches avec un toit si rose qu’elles font penser à des fleurs écloses le matin même. En les apercevant, à la descente du bateau, sa surprise avait été grande ; mais, prise tout entière par la joie de retrouver l’enfant, son attention ne s’y était pas arrêtée. Voici celle de Christine, qui ne diffère en rien des autres, à part ses contrevents, tout fraîchement peints d’un vert tendre, qui font pa-
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