Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/219

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court au-devant de la nuit. Voici déjà qu’il touche la mer, juste au bout de cette belle route qu’il fait miroiter. Et tout de suite il entre dans l’eau pour le bain du soir. Et lentement, très lentement il se laisse glisser dans les profondeurs qu’il éclaire de quelques rayons ; puis, sans hâte, il éteint sa lampe et s’endort.

Ah ! si Églantine ne craignait pas d’inquiéter Christine et Jacques, comme elle irait dormir auprès de lui, bien étendue sur les herbes du fond, ces herbes couleur de bronze poli qui se balancent d’un mouvement doux et lent.

Mais voici que les routes s’effacent, et que montent, d’en bas, des bois sombres dont la cime effleure la surface de l’eau. La mer a ôté sa robe bleue. Elle frissonne en mettant sa robe couleur d’ardoise tandis que le vent léger regagne la terre.

De retour en même temps que lui, Églantine, assise sur son rocher au tapis jaune, écoute un murmure qui vient du large. Ce murmure qui semble bercer et endormir les vagues, elle le connaît bien et s’en réjouit. C’est la mer qui vient lui parler, comme chaque soir, à l’heure de la veillée. Elle lui parle du soleil clair et du vent doux qui s’en sont allés loin d’elle, et qui, peut-être,