Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/234

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ques, n’était capable de le refaire. Dans ses moments d’abandon, une flamme veillait dans l’ombre, une flamme vivace qui éclairait le passé sans jamais permettre au présent de l’éloigner ni de le surpasser.

Cette fois Christine s’était appliquée, et Jacques, dès la première ligne, fit entendre un rire qui attira Églantine. La lettre disait :

« Et puis, vous savez, mes enfants : j’ai vu la Dame Blanche. Tant de gens l’avaient vue que j’en étais un peu jalouse. Aussi, vite, vite, je viens vous le dire, pour que vous vous amusiez avec moi. C’était l’autre soir, tard, très tard. Il y avait grande marée. Le port était presque à sec, et tout le village était à la pêche dans les flaques et les creux des rochers. Raymond avait même emporté sa lanterne pour mieux voir dans les trous ; il n’en avait pas besoin pourtant, la lune éclairait plus qu’un grand phare, et, tout comme le soleil, elle traçait sur l’eau des chemins à n’en plus finir. C’était beau comme dans les rêves, mais il faisait froid et il nous fallut, Marie-Danièle et moi, rentrer sans attendre les