Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/242

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poupées malades ou blessées. Un jour que, la regardant faire, elle chantonnait, comme autrefois mère Clarisse :


    Quand vous irez visiter les malades
    Portez bouillon et découvrez le lit.


Christine, gravement intéressée, avait réclamé la suite avec insistance :

— Dis, après, quand on a découvert le lit, qu’est-ce qu’on fait ?

Pour avoir la paix, Églantine avait dû continuer son couplet qui parlait de malade à tenir propre et de plaies à panser doucement.

Par la suite, Christine avait souvent réclamé la chanson, et chaque fois elle disait :

— Moi, lorsque je serai grande, je soignerai les malades.

Pour ne pas la chagriner, Jacques Hermont a promis de la mettre infirmière dès qu’elle aura ses dix-huit ans.

Mais déjà, elle exige la permission de suivre des cours. Les veillées à trois sont un enchantement. On reparle de l’île.

Les dix-huit ans de Christine arrivèrent avec le printemps de 1914, et, dès l’été, la guerre déchaînait sa férocité. Jacques Hermont partit avec les premiers soldats, mal-