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III


Voici encore un mois de mai. Églantine Lumière vient d’avoir seize ans, et depuis sa sortie de l’école elle travaille chez le tailleur de Bléroux, où son grand-père l’a placée afin qu’elle pût apprendre à coudre tout en s’occupant du ménage.

Dans cette jeune fille à l’air sage, au visage trop mince et trop pâle, on retrouve l’enfant à la souquenille trouée qui courait pieds nus, tête nue, bras nus, avec son chien Tou et son camarade Noël. Elle ne grimpe plus aux arbres ni ne s’aventure dans les fondrières, mais elle garde dans tous ses mouvements une souplesse et une hardiesse qui étonnent et parfois effrayent les gens de son entourage.

Églantine n’aime guère ce métier qu’on lui impose. Cependant, la facilité qu’elle a de tout faire sans peine l’empêche d’en désirer un autre. Et puis, dans cette mai-