Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/64

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en face de dettes aussi embrouillées qu’accumulées. Trop faible pour lutter contre qui que ce soit, il avait payé sans marchander, mais pour cela il lui avait fallu vendre aux Barray sa grande sapinière, et les deux meilleures terres qu’il possédait, y compris tout le mobilier si bien fourni du Verger. Après un silence, mère Clarisse ajouta :

— Et maintenant Douce n’a plus d’héritage !

Elle avait dit cela avec un soupir de regret, comme si elle annonçait un nouveau malheur. Et voilà qu’au lieu de s’attrister, les jeunes gens se mirent à rire :

— Plus d’héritage ! répéta Noël en se moquant.

Et les yeux fixés sur ceux de mère Clarisse, il affirma, une fois de plus, son désir et sa volonté de s’unir à Églantine Lumière, pour laquelle il avait un amour si profond qu’il sentait bien que rien jamais ne pourrait le détruire.

Mère Clarisse, qui restait songeuse, dit lentement :

— Demain n’est pas fait comme aujourd’hui !

Et, comme Églantine et Noël riaient de nouveau, elle reprit confiance et mêla son rire au leur.