Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/109

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semblait redevenue forte, et son visage si doux était plein de clarté. Et pendant qu’elle activait la préparation du travail, Bergeounette continua de nous amuser avec une histoire de son enfance.

Elle aimait tant la petite église de son pays qu’elle arrivait toujours la première au catéchisme. Mais elle ne pouvait rester tranquille, et toujours aussi, elle se disputait avec ses compagnes.

Le vieux curé la grondait, puis il joignait les mains comme s’il demandait à Dieu la patience de la supporter, et, quand il n’en pouvait plus, il l’envoyait s’asseoir du côté des garçons.

Et Bergeounette raconta ainsi :

— C’était un peu avant la fin du catéchisme, la gifle que je venais de donner à mon voisin avait claqué si fort que toutes les filles se levèrent pour voir d’où elle était partie.

« Le vieux curé se leva aussi, bien plus vite que je ne le croyais capable de le faire, et il me poussa jusque sous l’escalier sombre qui menait au clocher. Tout d’abord, je n’osai pas bouger dans la crainte de tomber dans quelque trou, mais bientôt j’aperçus une grosse corde qui pendait auprès de moi, et pour faire comme les marins j’essayai de grimper après. Ce n’était pas facile, mes sabots glissaient le long de la corde et je retombais toujours. Mais voilà qu’au-dessus de ma tête la cloche se met à tinter un coup, puis un autre, puis encore un autre, tout comme si on sonnait le glas. Je m’arrêtai de sauter pour