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sur la corbeille à fil et sur la machine à coudre. Sa chaleur était encore très douce et Bergeounette ouvrit toute grande la fenêtre pour qu’il pût entrer à son aise.

De l’autre côté de l’avenue, les murs d’une maison en construction commençaient à sortir de terre. Des bruits de pierres et de bois se confondaient en montant jusqu’à nous, et les ceintures rouges et bleues des maçons se montraient à travers les échafaudages.

À tout instant, des tombereaux de moellons et de sable se déversaient. Les moellons roulaient avec un bruit clair, et le glissement du sable faisait penser au vent d’été dans le feuillage des marronniers. Puis c’était des fardiers chargés de pierres de taille qui arrivaient. On les entendait venir de loin. Les charretiers criaient. Les fouets claquaient, et les chevaux tiraient à plein collier.


Aussitôt que sa femme fut partie, le patron se fit aider par la petite Duretour, pour débarrasser les planches des bouts de chiffons et mettre de l’ordre un peu partout.

La petite Duretour n’était pas très bonne ouvrière malgré ses dix-huit ans, mais Mme Dalignac la gardait à cause de sa grande gaîté. Elle prenait toujours les choses du bon côté, et son entrain nous empêchait souvent de sentir la fatigue.

C’était elle qui faisait les courses et qui ouvrait la porte aux clientes. Sa taille était si menue et