Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/241

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Clément avait écouté sans rien dire, mais, quand il vit Mme  Dalignac effacer soigneusement la marque rouge, il prit la parole à son tour.

Il dit à sa tante comment ses jolis modèles tenaient le premier rang aux vitrines des grands magasins ; il en avait noté les prix élevés et il trouvait injuste que tant de savoir et de peine ne profitât qu’aux autres. Tandis que, dans l’association Doublé-Dalignac sœurs, il prévoyait des bénéfices sûrs et rapides. Il ajouta en se penchant affectueusement sur Mme  Dalignac :

— Tu sais travailler… Mme  Doublé sait vendre… À vous deux vous pouvez réaliser une fortune.

Pour la première fois, je vis faire un mouvement de révolte à Mme  Dalignac :

— N’insiste pas, Clément, C’est inutile.

Clément n’insista pas, mais il eut un geste qui brisa en trois morceaux la craie savonneuse.

Mme  Dalignac ramassa les trois morceaux qu’elle fit sauter machinalement dans sa main, en disant :

— Doublé-Dalignac sœurs.

Elle rit un peu, puis elle jeta les débris, et dit fermement :

— Non, je ne veux pas.

Ce fut au tour de Mme  Doublé de rester sans voix.

Elle se leva d’un mouvement violent et rentra chez elle.

Mme  Dalignac respira plus librement et soudain, toute sa tranquillité revenue, elle embrassa son neveu :

— Aie confiance, Clément. J’ai un grand courage.