Page:Audoux - La Fiancee.djvu/114

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— Tiens, il est caché sous ce monceau de nuages gris, que tu vois là, tout en bas.

Mais Valserine avait aussitôt tendu la main vers les hauts glaciers. Son père se trompait sûrement. Le lac, c’était cette large étendue de ciel bleu que les nuages aux formes de montagnes entouraient de toutes parts. Peu après, elle avait vu avec terreur que le mont Blanc était tout en flammes ; et il avait fallu toute la tendresse moqueuse de son père pour la rassurer et lui faire comprendre que le mont de glace était seulement éclairé par le soleil levant.

Pour l’instant, rien ne cachait le lac et le pays de Gex montrait clairement ses routes. Valserine surveillait les plus proches. Elle trouvait que les gens mettaient beaucoup de temps pour aller d’un endroit à un autre. Ils avaient l’air de sauter sur place plutôt que de marcher, et le moindre de leurs gestes lui paraissait plein de signification.

La journée se passa, pour la fillette, en attente et en cris d’appel. La faim lui tiraillait l’estomac, et pour la faire cesser elle mâchait des brins d’herbe et suçait des baies acides.