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Page:Audoux - La Fiancee.djvu/129

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À L’encontre du père de Valserine, le bonheur n’avait pas habité sa maison. Sa femme, qui aimait le bruit des villes, était partie un dimanche, abandonnant la montagne et le petit Bernard pour toujours. L’enfant, qui n’avait pas deux ans alors, avait grandi sans souci de ces choses ; et dès que la petite Valserine avait pu le suivre, il l’avait fait participer à tous ses jeux, n’ayant pas d’autre camarade.

À courir par les sentiers de la montagne, il était devenu fort avant l’âge. Et la mère Marienne, qui croyait retrouver en lui le caractère audacieux de son mari, avait tout de suite parlé d’en faire un contrebandier habile.

Mais le père, avec une fermeté douce, qu’aucune raison n’avait pu ébranler, avait refusé la contrebande pour son enfant, et l’avait conduit à Saint-Claude afin qu’il apprît le métier de pipier.

Bernard avait tout de suite fait montre d’une adresse surprenante à façonner les pipes. Et, son apprentissage terminé, il avait aussitôt pris rang parmi les meilleurs ouvriers