Page:Audoux - La Fiancee.djvu/183

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— Tu peux jouer encore, Marie.

Marie reprit sa place sur le tabouret, mais ses doigts n’avaient plus autant de sûreté, et son morceau favori la laissait indifférente. Elle regardait sa mère à la dérobée. Les yeux de Mme Pélissand fixaient profondément le tapis et ses mains avaient l’air de se cramponner à la corbeille de vieux bas.

À un moment Marie la vit si nettement faire le mouvement des gens qui vont parler, qu’elle s’arrêta de jouer pour demander :

— Voyons, maman, qu’as-tu ?

Les yeux de Mme Pélissand semblaient chavirer.

Elle lança ses mains en avant comme pour repousser la question, elle se leva de sa chaise et se rassit au même instant et, tout à coup, en regardant sa fille en face, elle dit très vite :

— Ce que j’ai ? Je veux me remarier.

Marie crut à une plaisanterie. Elle se mit à rire en se renversant en arrière ; mais Mme Pélissand la saisit par le bras en disant d’une voix rêche :

— Je ne vois pas qu’il y ait de quoi rire.

Marie s’arrêta de rire comme elle s’était