Page:Audoux - La Fiancee.djvu/230

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elle s’approcha de la fenêtre et souleva le rideau.

Tout était blanc sur le boulevard. Et, tandis qu’elle regardait tourbillonner la neige dans la lumière d’un bec de gaz, elle remarqua soudain, sur le trottoir d’en face, une femme tête nue, à l’allure indécise, qui s’éloignait, revenait et s’éloignait encore, comme si elle ne pouvait se décider à traverser la chaussée. Cette femme, enveloppée d’une mante sombre, que la neige tachait de blanc, portait tout contre sa poitrine un objet qui ne devait pas être exposé au froid, sans doute, car la mante se croisait fortement au-dessus.

Et, tout à coup, comme la femme passait en pleine lumière, la maman de Linette reconnut Denise à sa chevelure flamboyante, que la neige ne parvenait pas à éteindre.

Un quart d’heure plus tard, Denise, réchauffée et consolée, était assise sur le pied du lit de sa petite sœur, qui s’était réveillée au bruit. Linette, toute recroquevillée, regardait le paquet blanc que Denise tenait sur ses genoux et duquel sortait un mignon visage de nouveau-né et deux fines menottes aussi roses