Page:Audoux - La Fiancee.djvu/249

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qu’elle voulait entraîner au jeu. Mais Bertin n’avait pas envie de jouer, il préférait rester tout à côté du panier au fond duquel il y avait encore quelques petits paquets.

La mère fit un geste de menace à Tati qui disparut derrière un arbre en continuant son appel modulé comme un chant :

— Bertin, Bertin.

En même temps qu’elle, s’envolèrent deux moineaux qui convoitaient les miettes de son croûton et que le même geste avait effrayés.

Silencieux, le père Sylvain restait toujours là les bras ballants, attendant il ne savait quoi, lorsque la femme se mit à se lamenter.

Elle disait :

— Tout le temps que la fête a duré, il est venu des dames et des messieurs qui m’ont donné des sous ; il y avait aussi les marchands de pommes de terre frites et les enfants en avaient autant qu’ils voulaient, mais depuis hier il n’y a plus personne dans la forêt, et ce matin j’ai ramassé tout ce qui peut se manger et que les gens avaient jeté dans l’herbe.

Elle repoussa Bertin qui allongeait sournoisement la main vers le panier :