Page:Audoux - La Fiancee.djvu/43

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mère qui n’avait jamais aimé le travail et s’était toujours fait servir comme une dame ?… Et si, enfin, ils allaient mourir d’ennui après avoir tant peiné pour amasser un peu avec l’espoir d’être heureux dans une longue vieillesse ?…

Bientôt toutes ces craintes lui devinrent insupportables, et en les confiant à Nestin elle le supplie de retourner à Paris avant qu’il ne leur arrive du mal. Ils reprendront leur métier, elle de femme de ménage et lui de cordonnier. Ils n’exigeront pas de gros salaires puisqu’ils sont moins forts que des jeunes, et ils pourront revenir, du samedi au lundi, dans leur maison où ils vivront pendant ces trois jours comme de vrais bourgeois.

Mais Nestin, qui l’avait écoutée sans mot dire, regimba tout à coup. Non, non et non, il ne quitterait pas sa petite maison où il se plaisait tant. S’il s’ennuyait à ne rien faire, il ne regrettait pas son métier ni la cour sombre du quartier de Charonne où, cependant, il était né, qu’il n’avait jamais quitté et où, tout enfant encore, il avait aidé son père à raccommoder les vieux souliers. Si