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guêpes, le caquetage de la basse-cour proche, et tous les bruits de la campagne d’alentour.

La brise venant de la rivière passait sur leur tête et rafraîchissait leur vieux sang.

Cette brise qui s’attardait dans le clos n’avait pas la même voix que celle qui soufflait dans les arbres des grands bois. Malgré les autres bruits, ils l’entendaient dans leur demi-sommeil. Ainsi qu’une personne familière, elle allait d’un arbre à l’autre, parlant de pommes, de poires, d’abricots et même de nèfles.

Auprès des chênes, elle parlait de buffets, d’armoires et de jolis nécessaires à ouvrage pour jeunes filles courageuses. Peut-être parlait-elle de cercueil aussi, mais c’était si bas, que Nestin et Nestine ne l’entendaient pas. Puis, bien reposés, rassasiés de rêves et d’ombre fraîche, ils reprenaient les travaux habituels qui assuraient leur bien-être et le bon entretien du clos. C’est ainsi qu’ils s’aperçurent un jour que les chênes, au moindre vent, fouettaient de leurs branches fermes un pêcher dont les fruits très abondants et très beaux leur assuraient chaque année une vente