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MARIE-CLAIRE

Je répondis comme tout à l’heure :

— Bien, ma Mère.

Elle se haussa sur les bras de son fauteuil ; et, en me fixant de ses yeux luisants, elle dit encore :

— Vous n’êtes donc pas fière ?

Je souris d’un air indifférent.

— Non, ma Mère.

Elle parut profondément étonnée ; mais, comme je continuais de sourire avec indifférence, sa voix devint moins dure pour me dire :

— Vraiment, mon enfant ? J’avais toujours cru que vous étiez orgueilleuse.

Elle se renfonça dans son fauteuil, cacha ses yeux sous ses paupières, et se mit à parler d’une voix monotone, comme quand elle récitait les prières. Elle disait : qu’on devait obéir à ses maîtres, ne jamais manquer à ses devoirs de religion, et que la fermière viendrait me chercher la veille du jour de la Saint-Jean.

Je sortis de chez elle avec des sentiments que je n’aurais pu exprimer. Mais ce qui dominait en moi, c’était la crainte de faire de la