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MARIE-CLAIRE

jour-là ; les plus petites même restèrent silencieuses. Je me mis à la recherche de sœur Marie-Aimée. Elle n’avait pas assisté aux offices, et je savais par Marie Renaud qu’elle n’était pas malade.

Je la trouvai dans le réfectoire. Elle était assise sur son estrade, sa tête était appuyée de côté sur la table, et ses bras pendaient le long de sa chaise.

J’allai m’asseoir assez loin d’elle ; et d’entendre sa plainte si profonde, je me mis à sangloter aussi, en cachant ma figure dans mes mains. Mais cela ne dura pas longtemps, et je sentis bien que je n’avais pas de chagrin. Je fis même des efforts pour pleurer, mais il me fut impossible de continuer à verser une seule larme. J’avais un peu honte de moi parce que je croyais qu’on devait pleurer quand quelqu’un mourait ; et je n’osais pas découvrir mon visage dans la crainte que sœur Marie-Aimée crût que j’avais mauvais cœur.

Maintenant, je l’écoutais pleurer. Ses longues plaintes me rappelaient le vent d’hiver dans la grande cheminée. Cela montait et