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Page:Audoux - Marie-Claire.djvu/154

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MARIE-CLAIRE

portant dans sa gueule une partie du cou de la brebis.

Les yeux de Martine s’étaient agrandis, et sa bouche était devenue toute blanche. Son bonnet avait glissé de son chignon, et la raie qui séparait ses cheveux me fit penser à un sentier où l’on pouvait se promener sans danger. L’expression ferme de son visage s’était changée en une petite grimace douloureuse, et ses mains s’ouvraient et se fermaient d’un mouvement régulier. Elle cessa de s’appuyer au châtaignier pour se rapprocher d’Eugène qui regardait le loup. Elle resta un moment à le regarder aussi, et elle dit tout haut :

— Pauvre bête, comme il devait avoir faim !

Le fermier mit le loup et la brebis sur la même brouette, pour les ramener à la ferme. Les chiens suivaient en flairant d’un air craintif.

Pendant plusieurs jours, le fermier et son frère chassèrent dans les environs. Quand Eugène passait près de moi, il s’arrêtait toujours pour me dire un mot affectueux. Il