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Page:Audoux - Marie-Claire.djvu/171

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MARIE-CLAIRE

J’étais désolée de ne rien trouver à lire à la ferme. Aussi je ramassais tous les bouts de papier qui traînaient.

La fermière avait fini par le remarquer, et elle disait que je deviendrais avare.

Un dimanche que j’avais osé demander un livre à Eugène, il me fit cadeau d’un gros cahier de chansons.

Pendant tout l’été, je l’emportais aux champs. Je composais des airs aux chansons qui me plaisaient le mieux ; puis je m’en lassai, et, en aidant la fermière au grand nettoyage de la Toussaint, je découvris des almanachs de plusieurs années.

Pauline me dit de les porter au grenier ; mais je fis semblant de les oublier dans le tiroir où ils étaient, et je les emportai en cachette l’un après l’autre. Ils étaient remplis d’histoires amusantes, et l’hiver passa sans que je me sois aperçue du froid.

Le jour où je les montai au grenier, je furetai pour voir si je n’en découvrirais pas d’autres. Je ne trouvai qu’un petit livre sans couverture, dont les feuillets étaient roulés aux coins comme si on l’avait longtemps