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MARIE-CLAIRE

Il devait y avoir longtemps que le vieil arbre ne donnait plus d’ombrage au seuil de la maison : il ne portait plus qu’un bouquet de feuillage tout en haut, et cela lui faisait comme une tête, qui se penchait pour écouter ce qui se disait en bas.

Les bûcherons qui vinrent pour l’abattre furent d’avis que cela ne serait pas facile. Il menaçait, en tombant, de démolir la toiture de la maison.

Enfin, après bien des discussions, et bien des tours autour de lui, on décida de l’enserrer de grosses cordes qui le feraient pencher et l’obligeraient à tomber sur le fumier.

Il fallut la journée de deux hommes pour l’abattre, et au moment où on croyait qu’il allait se coucher tranquillement, une des cordes se desserra et le vieil orme se releva pour retomber de côté. Il glissa sur le toit en entraînant la cheminée et une grande quantité de tuiles, et après avoir écorché le mur, il se coucha en travers de la porte : et pas une de ses branches ne toucha le fumier.

M. Alphonse ne put retenir un cri de colère. Il saisit la hache d’un des bûcherons, et il