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MARIE-CLAIRE

une rangée de peupliers faisaient comme une barrière qui empêchait le ciel d’entrer dans la plaine.

Peu à peu je reconnaissais chaque endroit. Voici la petite rivière, au bas de la colline. Je ne vois pas l’eau, mais les saules ont l’air de se ranger pour la laisser passer.

Elle disparaît derrière les bâtiments de Villevieille, dont les toits sont de la même couleur que les châtaigniers, et la voilà de l’autre côté. Elle brille par endroits, entre les minces peupliers ; puis elle s’enfonce dans ce grand bois de sapins, qui paraît tout noir, et qui cache le Gué Perdu : c’est le chemin que Mme Alphonse m’a fait suivre pour aller chez sa mère… Son frère avait dû venir par le même sentier, le jour où il m’était apparu dans le buisson de houx.

Aujourd’hui, il n’y avait personne dans le sentier. Tout était d’un vert tendre, et j’avais beau regarder entre les bouquets d’arbres, aucune blouse n’apparaissait.

Je cherchais aussi des yeux le buisson ; mais il était caché par les toits de la ferme.

Henri Deslois y était venu plusieurs fois