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Page:Audoux - Marie-Claire.djvu/226

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MARIE-CLAIRE

semblait pleine de mystère : il sortait d’elle des petits glissements brusques et irréguliers, et tout à l’heure, j’avais bien cru entendre le bruit que faisait Henri Deslois quand il posait le pied sur le seuil de la ferme de Villevieille.

J’avais écouté, comme si j’espérais le voir s’approcher. Mais le bruit de pas ne s’était pas renouvelé, et bientôt je m’aperçus que les genêts et les arbres faisaient entendre toutes sortes de sons mystérieux.

J’imaginais que j’étais un jeune arbre, que le vent pouvait déplacer à son gré. Le même souffle frais qui balançait les genêts passait sur ma tête et emmêlait mes cheveux ; et pour imiter le pommier, je me baissais, et trempais mes doigts dans l’eau pure de la source.

Un nouveau bruit me fit regarder vers la maison, et je n’eus aucune surprise en voyant Henri Deslois dans l’encadrement de la porte.

Il était tête nue, et les bras ballants.

Il fit deux pas dans le jardin, et son regard s’en alla au loin dans la plaine.