Page:Audoux - Marie-Claire.djvu/230

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Il nous arriva un jour de nous arrêter près d’un immense champ de blé, dont on ne voyait pas la fin. Des milliers de papillons blancs voltigeaient au-dessus des épis. Henri Deslois ne parlait pas, et moi je regardais les épis qui se ployaient et se redressaient comme s’ils voulaient prendre leur élan pour fuir. On eût dit que les papillons leur apportaient des ailes pour les aider ; mais les épis avaient beau s’agiter, ils ne parvenaient pas à quitter la terre.

Je le dis à Henri Deslois, qui regarda longtemps le blé ; puis, comme s’il parlait pour lui-même, il dit en traînant sur les mots :

— Il en est de même pour l’homme ; parfois une douce créature vient à lui ; elle est semblable aux papillons blancs de la plaine ; il ne