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Page:Audoux - Marie-Claire.djvu/241

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MARIE-CLAIRE

J’aurais voulu partir tout de suite. Mais, en même temps, je pensai qu’Henri Deslois avait dit hier en partant : « À demain ! »

Peut-être était-il déjà à la ferme, m’attendant et s’inquiétant de ce que je pouvais être devenue.

Je sortis de la maison pour courir à Villevieille.

Je n’avais fait que quelques pas, lorsque je le vis venir sur le chemin.

La jument blanche gravissait difficilement le sentier plein de neige.

Henri Deslois était tête nue comme la première fois qu’il était venu ici ; sa blouse se gonflait sous le vent, et il se retenait à la crinière de sa bête.

La jument s’arrêta devant moi.

Son maître se pencha, et saisit mes deux mains que je levais vers lui.

Il y avait sur son visage quelque chose de tourmenté que je n’y avais jamais vu. Je remarquai aussi que ses sourcils se rejoignaient comme ceux de Mme Deslois. Il dit un peu essoufflé :

— Je savais que je vous retrouverais ici.