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MARIE-CLAIRE

revint, et pendant des heures et des heures j’essayai d’étouffer mon mal.

Quand sœur Désirée-des-Anges entra dans la chambre à l’heure du coucher, elle s’assit sur le pied de mon lit. Elle mit encore ses mains comme les saintes, et elle me dit :

— Parlez-moi de votre peine.

Je parlai, et il me sembla que chaque mot que je prononçais emportait un peu de ma souffrance. Lorsque j’eus tout dit, sœur Désirée-des-Anges alla prendre l’Imitation de Jésus-Christ, et elle se mit à lire tout haut.

Elle lisait avec un accent doux et résigné, et il y avait des mots qu’elle traînait comme une plainte qui finit.

Les jours suivants, je revis le petit Jean le Rouge ; il parla encore du Gué Perdu, et pendant qu’il disait le contentement de ses parents, et la bonté du maître pour eux, je revoyais la maison de la colline avec son jardin fleuri et sa source dont le ruisseau descendait jusqu’à la petite rivière en se cachant sous les genêts.

Je parlais souvent d’elle à sœur Désirée-des-Anges, qui m’écoutait avec recueillement.