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MARIE-CLAIRE

pour le dortoir et le réfectoire. Elle ne me dit pas où elle avait appris cela, mais elle en était toute chagrinée.

Elle aimait beaucoup sœur Gabrielle, qui la traitait toujours comme un petit enfant ; mais elle n’aimait pas cette sœur Aimée, ainsi qu’elle l’appelait avec un air de mépris, quand elle savait n’être entendue que de nous.

Elle disait aussi que sœur Marie-Aimée ne lui permettrait pas de nous grimper sur le dos, et qu’on ne pourrait pas se moquer d’elle comme de sœur Gabrielle, qui montait les marches tout de travers.

Le soir, après la prière, sœur Gabrielle nous annonça son départ. Elle nous embrassa toutes, en commençant par les plus petites. La montée au dortoir se fit en grand désordre : les grandes chuchotaient et se révoltaient à l’avance contre cette sœur Marie-Aimée ; les petites pleurnichaient comme à l’approche d’un danger.

Ismérie, que je portais sur mon dos, pleurait bruyamment, ses petits doigts m’étranglaient un peu, et ses larmes me tombaient dans le cou.