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MARIE-CLAIRE

et plier mes habits sans que personne eût l’air de s’en apercevoir. Elle était si contente qu’elle me fit cadeau d’une épingle double pour attacher mon mouchoir, que je perdais toujours. Deux jours après, j’avais perdu l’épingle et le mouchoir.

Oh, ce mouchoir ! quel cauchemar épouvantable ! maintenant encore, quand j’y pense, une angoisse me prend. Pendant des années, je perdis régulièrement un mouchoir par semaine.

Sœur Marie-Aimée nous remettait un mouchoir propre contre le sale que nous jetions à terre devant elle. J’y pensais seulement à ce moment-là ; alors, je retournais toutes mes poches ; je courais comme une folle dans les dortoirs, dans les couloirs, jusqu’au grenier ; je cherchais partout. Mon Dieu ! pourvu que je trouve un mouchoir !

En passant devant la Vierge, je joignais les mains avec ferveur : « Mère admirable, faites que je trouve un mouchoir ! »

Mais je n’en trouvais pas, et je redescendais, rouge, essoufflée, penaude, n’osant pas prendre celui que me tendait sœur Marie-Aimée.