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MARIE-CLAIRE

Je pensai qu’elle n’avait pas d’amie. Une grande pitié s’ajouta au sentiment qui m’attirait vers elle, et un jour que les grandes la délaissaient, je lui offris mon bras pour faire le tour de la pelouse.

J’étais debout, devant elle, un peu intimidée. Je sentais qu’elle ne refuserait pas.

Elle me fixa, puis elle dit :

— Tu sais que c’est défendu ?

Je fis signe que oui.

Elle eut un mouvement de la tête pour me fixer davantage.

— Et tu n’as pas peur d’être punie ?

Je fis signe que non.

J’avais une grande envie de pleurer qui me serrait la gorge. Je l’aidai à se lever. Elle s’appuyait d’une main sur une canne, et malgré cela, elle pesait sur moi de tout son poids.

Je compris combien la marche lui était pénible ; elle ne me dit pas un mot pendant la promenade, et, quand je l’eus ramenée à son banc, elle dit en me regardant :

— Merci, Marie-Claire.

En me voyant avec Colette, Bonne Justine