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par un large trou au fond du bateau, d’où sortaient des hennissements et des piaffements de recul.

Après cela, la femme et la jument s’en retournaient du même pas lent, pendant que le marchand courait sur le bateau et se penchait au-dessus du trou en criant des ordres.

Raymond s’était imaginé que tous ces poulains grandiraient près de leur mère jusqu’à ce qu’ils soient assez forts pour traîner des charges à leur tour : et voilà qu’on les amenait dans ce bateau par surprise, comme les enfants que l’on mène à l’école pour la première fois.

Cela lui rappelait le jour où sa mère l’avait conduit au collège. C’était l’année d’avant, et il ressentait encore l’impression de terreur qui l’avait saisi en se trouvant en face du grand bâtiment et de sa grande porte.

Son premier mouvement avait été de s’enfuir, et il avait fallu que sa mère le retint de toutes ses forces par la main. Elle lui avait fait