Page:Audoux - Valserine and other stories.djvu/283

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Tout à coup, il vit les femmes qui encombraient le passage s’écarter pour laisser passer une grande jument blanche. Elle marchait lourdement et cherchait à s’arrêter à chaque instant. La femme qui la conduisait s’arrêtait en même temps qu’elle et reprenait sa marche en disant à la bête :

“ Allons, viens donc ! ”

Raymond reconnut aussitôt la mère de son poulain préféré. Le petit paraissait tout affolé : il courait autour de sa mère en poussant sans cesse un petit hennissement qui ressemblait à un cri de tout petit enfant. Le marchand le suivait et cherchait à lui enserrer la tête dans un licol blanc et rose : mais le poulain l’évitait d’un léger recul ou d’un petit saut de côté. Le marchand commença de jurer : il voulut que la femme fît un effort pour l’aider, mais elle resta droite et raide à la tête de la jument, en répondant :

“ Maintenant qu’il est à vous, prenez-le comme vous pourrez : je