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Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/122

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réfléchi devant moi sur tous les arbres, aussi loin que ma vue pouvait s’étendre à travers les bois. Mes chevaux galopaient et bondissaient de tous côtés, reniflant bruyamment, et les bestiaux se ruaient au milieu d’eux, la queue toute droite et roide au-dessus du dos. En allant par derrière la maison, j’entendis parfaitement le craquement des broussailles en feu, et je vis les flammes s’avancer vers nous sur une ligne d’une effrayante étendue. Je rentrai en courant, criai à ma femme de s’habiller à la hâte, elle et l’enfant, et de prendre le peu d’argent que nous avions, pendant que moi je tâcherais d’arrêter et de seller nos deux meilleurs chevaux. Tout cela fut fait en moins de rien, car je devinais que chaque minute était précieuse pour nous.

Nous montâmes à cheval et commençâmes à fuir devant le feu. Ma femme, excellente cavalière, galopait à mes côtés ; ma fille était alors toute petite, je la pris sur un de mes bras, et en partant je jetai un regard en arrière : les redoutables flammes nous tenaient presque et avaient déjà envahi la maison. Par bonheur, une corne était attachée à mes habits de chasse ; je me mis à en souffler, pour rallier après nous, si c’était possible, le reste de mes bestiaux encore en vie, aussi bien que les chiens. Les premiers nous suivirent pendant quelque temps ; mais ensuite, en moins d’une heure, ils s’échappèrent tous comme des enragés à travers les bois, et depuis lors, monsieur, je n’en ai plus rien revu ; mes chiens eux-mêmes, extrêmement dociles en tout autre temps, se mirent à courir après