Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/128

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front qui se déploie des bouches du Mississipi jusqu’aux montagnes Rocheuses, et qu’ils se répandent des États du sud, bien loin au delà de nos frontières de l’est ; en sorte qu’ils peuvent se disperser et trouver de quoi vivre par tous les États de l’ouest et de l’est, depuis la Caroline jusqu’au Maine. Durant ce grand voyage, ils passent au-dessus de nos villes et de nos villages, se posent sur les arbres qui décorent nos rues, et même sur le haut des cheminées, d’où ils font entendre leur cri perçant.

J’ai retrouvé ces mêmes oiseaux dans les provinces anglaises du New-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse, où ils restent jusqu’au commencement d’octobre ; mais je n’en ai pas vu un seul à Terre-Neuve, ni sur les rivages du Labrador. Quand ils vont au nord, leur apparition dans les États du centre a lieu vers le 1er mai ; et cependant il est rare qu’ils arrivent avant le mois de juin dans le Maine.

Le vol du faucon de nuit est ferme, agile et très prolongé. Dans les temps nuageux et sombres, il se tient tout le jour sur ses ailes, et il est plus criard alors qu’en aucun autre moment. Ses mouvements au sein des airs sont on ne peut plus gracieux, et la légèreté avec laquelle il s’y joue charme l’œil, qui le suit avec un vif intérêt. Tantôt il glisse avec une aisance qu’on a peine à imaginer ; tantôt, pour monter ou pour se maintenir à une grande hauteur, il donne irrégulièrement de brusques coups d’ailes, comme s’il fondait à l’improviste sur sa proie et la saisissait ; puis il reprend son premier essor. Parfois il s’élève en tournoyant, et