Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/137

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s’il ne serait pas attaqué de la carie blanche. Si tel est malheureusement le cas, il doit rester là, l’énorme tronc, gisant pendant un siècle ou plus, jusqu’à ce qu’il s’en aille en poussière. Au contraire, quand il n’a reçu aucun mal et n’a pas été trop secoué par les vents, quand d’ailleurs rien n’indique encore que la séve ait monté et pourvu que les pores soient bien sains, on procède enfin au mesurage. Lorsqu’il a été inspecté dans tous les sens, et qu’on a tiré le plan du bois qu’il peut fournir, d’après les modèles qui, comme des fragments de la carcasse d’un vaisseau, donnent les formes et les dimensions requises, l’œuvre des charpentiers commence.

C’est de cette manière, cher lecteur, que, pour ainsi dire, chaque bouquet connu de la Floride se voit tous les ans attaqué ; et soit par la carie blanche soit par suite d’autres maladies, la qualité du bois se trouve si fréquemment détériorée, que le sol est partout jonché de troncs de rebut ; aussi, chaque année, ces chênes, pourtant si estimés, deviennent-ils plus rares. Ajoutez le nombre immense de jeunes tiges de cette espèce que détruisent les grands arbres dans leur chute ; et quand je vous aurai dit qu’on ne se donne pas, dans le pays, la peine de faire de nouveaux plants de cette essence, vous concevrez qu’avant peu un chêne-saule de bonne grosseur doive être assez recherché pour que le propriétaire puisse en demander un prix exorbitant, quand même il serait encore sur pied au milieu de son bois. Dans mon opinion, et je me la suis faite d’après des observations personnelles, ces bouquets de chênes-saules ne sont