Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/158

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qu’on en possède rarement ; il était brave, aussi l’est cet aigle ; comme lui il fut la terreur de ses ennemis, et sa renommée, s’étendant d’un pôle à l’autre pôle, ressemble au majestueux essor du plus puissant des habitants de l’air. Si l’Amérique a raison d’être fière de son Washington, elle a droit également d’être fière de son grand aigle.

Au mois de janvier suivant, je vis un couple de ces aigles volant au-dessus des chutes de l’Ohio et se poursuivant l’un l’autre. Le lendemain je les revis encore : la femelle s’était relâchée de ses rigueurs ; elle avait mis de côté sa pruderie, et ils se retiraient continuellement ensemble sur un arbre favori. Je les poursuivis sans succès, pendant plusieurs jours ; ils finirent par abandonner la place.

Le vol de cet oiseau est très différent de celui de l’aigle à tête blanche. Le premier décrit de plus grands cercles, se tient en voguant, si l’on peut dire, plus près de la terre et de la surface de l’eau, et quand il est pour plonger après un poisson, tombe en traçant une spirale, comme pour fermer toute retraite à sa proie, et ne se lance dessus que lorsqu’il n’en est plus qu’à la distance de quelques pas. — Le faucon pêcheur fait souvent de même. — Lorsqu’il s’est emparé d’un poisson, l’aigle de Washington s’envole à une distance considérable, formant dans sa course un angle très aigu avec la surface de l’eau. La dernière fois que j’eus occasion d’en voir, ce fut le 15 novembre 1821, quelques milles plus haut que l’embouchure de l’Ohio : deux de ces oiseaux passèrent au-dessus de notre