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Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/178

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naissance. Mais croyez-moi, cher lecteur, l’hospitalité reçue de l’habitant des forêts, qui ne peut offrir que l’abri de son humble toit, et partage avec vous les provisions qui lui suffisent à peine pour les besoins de chaque journée, voilà celle qui, entre toutes, est agréable au voyageur, et dont son cœur ne perd jamais le souvenir.

J’avais déjà fait dans les bois plusieurs centaines de milles, en compagnie de mon fils, jeune garçon de quatorze ans, lorsque nous arrivâmes près d’une rivière aux eaux limpides et sur le bord opposé de laquelle j’aperçus une habitation. Nous traversâmes en canot, et bientôt nous nous arrêtions devant la maison, qui justement était une auberge où nous résolûmes de passer une partie de la nuit. Nous étions l’un et l’autre extrêmement fatigués, et je fis avec l’hôte un arrangement pour nous conduire environ cent milles plus loin, dans une légère voiture à la Jersey ; nous devions repartir au lever de la lune.

Il pouvait être deux heures avant l’aurore, quand la belle Cynthie aux rayons d’argent commença de poindre au-dessus de la forêt. Nous partîmes au bon trot, dansant sur la charrette comme des pois dans un crible. Le chemin, tout juste assez large pour nous laisser passer, était sillonné d’ornières profondes, et barré çà et là de troncs d’arbres et de vieilles souches par-dessus lesquels nous nous lancions bravement, sans ralentir notre train. Le maître de l’auberge, M. Flint, notre conducteur, nous avait vanté sa parfaite connaissance du pays ; aussi nous abandonnâmes-nous avec confiance à sa