Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/200

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exploits il ajoutait nombre d’autres traits d’audace de la bête, pour me donner une idée formidable de son caractère. Charmé de cette description, j’offris de m’unir à lui pour le débarrasser de son ennemi ; il accepta bien volontiers, mais en observant que nous ne ferions rien sans l’assistance de quelques voisins, aux chiens desquels il faudrait joindre les siens. Et, en effet, bientôt après il montait à cheval, courait chez ses voisins dont quelques-uns demeuraient à plusieurs milles, et convenait avec eux d’un rendez-vous.

Au jour dit, et par une matinée superbe, les chasseurs arrivèrent à la porte de la cabane, juste au moment où le soleil paraissait au-dessus de l’horizon. Ils étaient cinq, en complet équipage de chasse, montés sur des chevaux que, dans quelques parties de l’Europe, on pourrait regarder comme de tristes coursiers, mais qui, pour l’haleine, la vigueur et la sûreté du pied, sont plus propres qu’aucun autre de ce pays à poursuivre le couguar et l’ours à travers les bois et les marais. Une bande de gros et vilains chiens étaient en train de faire connaissance avec ceux du pionnier ; tandis que lui et moi nous montions sur ses deux meilleurs chevaux, et que ses fils en enfourchaient d’autres de moindre qualité.

En route on causa peu ; et quand nous eûmes gagné le bord du marais, il fut convenu qu’on allait prendre chacun de son côté, pour chercher les traces fraîches de la peintère ; et que le premier qui les trouverait, donnerait de sa corne et resterait sur place, sans bouger, jusqu’à ce que les autres l’eussent rejoint. Au bout d’une heure, nous entendîmes clairement le son de la