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Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/21

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voyer, par la suite, à ces illustrations, afin que vous puissiez juger par vous-même. Si vous y trouvez quelque mérite, votre approbation me rendra bien heureux, en m’apprenant que je n’ai pas en vain dépensé ma vie. C’est vous qui pouvez le mieux apprécier l’exactitude de chacun de ces traits ; car je suis persuadé que vous aimez la nature, que vous l’admirez, que vous l’étudiez. Et quel est l’homme ayant un cœur, qui n’écoute avec délices les notes d’amour des chantres du feuillage ? Chaque regard qu’il jette sur leurs formes charmantes fait naître en son esprit mille questions à leur sujet ; il ne peut considérer ces arbres qu’ils habitent, ces fleurs sur lesquelles glissent leurs ailes, sans en admirer la grandeur, sans jouir avec transport de leurs doux parfums et de leurs teintes brillantes.

Dans la Pensylvanie, bel État, au centre même de la ligne qui borde nos rivages de l’Atlantique, mon père, toujours empressé de se montrer mon meilleur ami dans la vie, me fit don de ce que les Américains appellent une belle plantation, rafraîchie pendant les chaleurs de l’été par les eaux de la rivière Schuylkil, et traversée par une crique nommée perkioming. Ses bois étendus, ses vastes champs, ses montagnes couronnées d’arbres toujours verts, fournirent d’amples sujets à mes pinceaux. C’est là que je commençai mes simples et agréables études, avec aussi peu de souci de l’avenir que si le monde entier eût été fait pour moi. Je partais invariablement pour mes courses dès la pointe du jour, puis m’en revenant tout trempé de rosée et chargé de quelque butin emplumé, je me