Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/245

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épaules, et l’on me pria de dire les grâces, ce dont je m’acquittai d’un cœur fervent.

Le lendemain matin, je commençai, avec mon camarade, par visiter le bocage et les bois des environs, puis je revins déjeuner et me dirigeai vers le magasin, où, malgré mon ardent désir de me mettre à l’ouvrage, dix heures sonnaient, que personne n’était encore prêt à poser. En attendant, cher lecteur, je veux vous décrire l’atelier de l’artiste. Voyez-moi montant un escalier vermoulu qui, d’une arrière-boutique, conduisait dans un vaste grenier, au-dessus du magasin et du bureau, et là, regardant de tous côtés pour voir comment je parviendrais à modérer la lumière qui m’offusquait à travers quatre fenêtres situées l’une en face de l’autre à angle droit ; suivez-moi fouillant chaque recoin et trouvant dans l’un une chatte qui donnait à teter à ses petits parmi un tas de chiffons attendant le moulin à papier ; ajoutez deux barriques remplies d’avoine, des débris de joujoux hollandais épars sur le plancher, un grand tambour et un basson gisant d’un autre côté, des bonnets de fourrure pendus à la muraille ; vers le centre, le lit portatif du commis, se balançant comme un hamac ; ensemble quelques rouleaux de cuir pour faire des semelles, et vous aurez le tableau complet. J’embrassai le tout d’un coup d’œil, et fermant avec des couvertures les croisées qui étaient de trop, j’obtins bientôt un vrai jour de peintre.

Un jeune gentleman prit place pour faire l’essai de mon talent. J’eus promptement expédié son physique, dont il fut satisfait. Le marchand, à son tour, se mit