Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/273

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quitté le pays, je refermai définitivement l’ouverture et cessai mes visites.

Mai cependant était de retour, et son souffle printanier nous ramenait le peuple vagabond des airs. Les hirondelles aussi revinrent à leur arbre, et j’en vis le nombre s’accroître chaque jour. Vers le commencement de juin, j’imaginai de fermer l’entrée avec un bouchon de paille que je pouvais retirer à mon gré au moyen d’une corde. Le résultat fut curieux : les oiseaux, comme d’ordinaire, vinrent pour s’abriter à la tombée de la nuit ; ils s’attroupèrent, passant et repassant devant l’arbre d’un air tout dérouté ; plusieurs déjà commençaient à s’envoler au loin : j’ôtai le bouchon, et immédiatement ils entrèrent sans discontinuer, jusqu’à ce qu’il ne me fût plus possible de les distinguer du lieu où j’étais.

J’avais quitté Louisville pour aller me fixer à Henderson, et ce ne fut que cinq ans après que je pus revoir le sycomore, dans l’intérieur duquel les hirondelles abondaient toujours. Les pièces de bois avec lesquelles j’avais bouché mon trou avaient été brisées ou emportées ; mais l’ouverture était de nouveau complétement remplie de dépouilles et de débris des oiseaux. — À la fin pourtant, il survint un ouragan tellement violent, que leur antique retraite fut tout de son long couchée par terre.