Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/282

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l’aide d’une corde, tandis que l’autre, qu’on traîne au large pour balayer autant d’espace que possible, est enfin tiré à terre, au moyen d’un cabestan. Quelques hommes, dans des bateaux, soutiennent le haut du filet où sont attachés des morceaux de liége, et battent l’eau pour effrayer le poisson et le pousser vers le bord ; d’autres entrent dans l’eau, armés de crocs, et n’ont que la peine de le harponner et de le jeter à terre, car le filet va se resserrant peu à peu, à mesure que diminue le nombre des poissons qu’il renferme.

Combien croyez-vous qu’en un seul coup on puisse ainsi prendre de morues… cinquante… ou cinquante mille ? Vous aurez quelque idée de la chose quand je vous aurai dit que les jeunes gens de ma société, en se promenant le long du rivage, prenaient à la main des morues vivantes et même des truites de plusieurs livres, avec un simple bout de ficelle et un hameçon à maquereau pendu à la baguette de leur fusil. Deux d’entre eux n’avaient qu’à se mettre à l’eau seulement jusqu’aux genoux le long des rochers, en tenant par les coins leur mouchoir de poche, et bientôt ils le ramenaient plein de petits poissons… Si vous ne voulez pas m’en croire, demandez-le aux pêcheurs eux-mêmes ; ou plutôt allez au Labrador, et là vous en croirez le témoignage de vos propres yeux.

Cette manière de prendre la morue à la seine ne me paraît pas légale, car une grande partie des poissons qui sont finalement tirés à terre se trouvent si petits, qu’on peut les regarder comme n’étant d’aucun usage. Du moins, si on les rejetait à l’eau ! mais on les laisse