Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/302

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Je termine ce que j’avais à dire de ces oiseaux par une anecdote que raconte à leur sujet le docteur Rush, dans une de ses leçons traitant des effets de la peur sur l’homme. Durant la guerre de l’Indépendance, une compagnie de soldats se trouvait campée près des terrains montagneux de la rivière Hudson. Un aigle doré ayant placé son nid dans une crevasse, à moitié chemin entre le sommet des rochers et la rivière, un des soldats voulut s’y faire descendre par ses camarades, à l’aide d’une corde qu’ils lui avaient attachée autour du corps. Quand il fut en face du nid, il se vit soudainement attaqué par l’aigle, et alors, en légitime défense, il tira bravement le seul fer qu’il portât sur lui, je veux dire son couteau, et se mit à s’escrimer d’estoc et de taille contre l’assaillant. Mais en faisant ses passes, un coup mal dirigé trancha presque net la malheureuse corde qui commença à se détordre, à se détordre !… Si bien que ceux d’en haut n’eurent que le temps de le remonter, et l’arrachèrent à sa périlleuse situation juste au moment où il s’attendait à être précipité dans le gouffre. Mais, ajoute le docteur, l’effet de la peur avait été si grand sur ce soldat, que, moins de trois jours après, ses cheveux étaient devenus tout gris.